L'évadée de Saint-Lazare by Souvestre et Allain

L'évadée de Saint-Lazare by Souvestre et Allain

Auteur:Souvestre et Allain [Allain, Souvestre et]
La langue: eng
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: Fayard
Publié: 2012-04-04T23:23:26+00:00


16 – ÉTRANGES PROPOSITIONS

Mme Granjeard et son fils Paul, assis l’un en face de l’autre, dépouillaient leur courrier. Huit jours s’étaient écoulés depuis leur libération et la mère et les fils avaient repris leurs habitudes.

En lisant les lettres que lui passait son fils, Mme Granjeard fronça les sourcils, se mordit les lèvres, cependant qu’elle grommelait :

— As-tu vu Paul ? Voilà Bichat et Compagnie qui annulent leur commande ?

Elle ajouta :

— C’est très curieux, les Tourbis ont l’air de faire des difficultés au sujet de la dernière livraison. On leur a pourtant bien donné ce qu’ils voulaient. Je n’y comprends rien.

Paul hocha la tête, approuvant le monologue de sa mère, mais ne répondit pas. On apporta un télégramme, l’ingénieur le lut et nerveusement froissa le papier bleu, le jeta au panier :

— Désespérant, fit-il.

— Qu’est-ce que c’est ?

— Rien, dit Paul nerveusement, ou plutôt si, tiens, la Société des Forges nous annonce que décidément elle ne passe pas la commande pour laquelle nous étions d’accord.

— Ah, fit simplement Mme Granjeard, dont les joues se décolorèrent.

À ce moment on frappa à la porte :

— Entrez.

Quelqu’un pénétra dans la pièce, souleva sa casquette, c’était Landry, le contremaître :

— Pardon, excuse, si je vous dérange, fit-il, en s’adressant à Mme Granjeard, mais c’est les quinze cents kilos de plaques de tôle que le camionnage apporte.

— Eh bien, ça va bien, dit Mme Granjeard, faites-les placer dans le hangar.

— Elles y sont, dit le contremaître.

— Je suppose que vous avez vérifié la livraison ?

— Sans doute, fit le contremaître, tout est bien en état, mais…

— Mais quoi ?

— Eh bien, le camionneur dit comme ça qu’il faut qu’on le paie. La marchandise est envoyée contre remboursement.

Mme Granjeard se leva :

— C’est un peu raide, fit-elle, des fournisseurs que nous avons depuis dix ans et que l’on paie toujours à trois mois, qu’est-ce qui leur a pris ?

Mme Granjeard se montait :

— Mais c’est une erreur, sûrement. Ce n’est pas que je refuse de payer, mais enfin il y a là une question de principe avec laquelle je ne transigerai pas.

Paul Granjeard, de plus en plus sombre, questionnait son contremaître :

— Combien doit-on ?

— Quatre mille deux cents francs.

L’ingénieur instinctivement, se fouilla pour tirer son trousseau de clés et fit mine d’aller vers son coffre-fort particulier, mais il interrompit ce mouvement et, se tournant vers sa mère, il lui déclara :

— Mieux vaut en finir et payer, que d’avoir des histoires. Voulez-vous donner la somme, ma mère ?

Mme Granjeard avait, elle aussi, un coffre qui lui servait de caisse particulière. Machinalement, elle esquissa le mouvement de s’en approcher, puis elle s’arrêta :

— Après tout, fit-elle négligemment, règle toi-même, je ne dois pas avoir de monnaie.

— Moi non plus, dit Paul.

De la pièce voisine, simplement séparée par une cloison qui s’arrêtait à mi-hauteur, Robert Granjeard avait entendu toute cette conversation, sans y prendre part. Il crut, toutefois, devoir intervenir.

Quittant le bureau devant lequel il travaillait et abandonnant les écritures compliquées auxquelles il se livrait, le jeune homme prit son chapeau.



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